Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/370

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Sa fille pres de luy, se prosterne à genoux,
Invoquant l’immortel, qu’on vit mourir pour nous :
Et le sage prelat, achevant le mistere,
Dans le Tibre fameux, puise une eau salutaire,
Qui jointe aux mots puissants, par un mouvement prompt,
Fait descendre la grace, en tombant sur leur front.
Le brave Lusitain, en meurt presque de joye :
Et les nouveaux chrétiens, que le roy veut qu’on voye,
Traversent tout le camp, benissant leur destin,
Et suivent Alaric, au superbe festin.
Mais trois fois le soleil ayant doré la terre,
De cette courte paix, on revient à la guerre :
Et le vaillant heros forme d’autres dessains,
Pour se couvrir de gloire, en domptant les Romains.
Sur des roulleaux glissans, plus d’une tour mobile,
D’un mouvement reglé, s’aproche de la ville :
Et sur le haut des tours, des ponts estroits, mais surs,
S’abaissent à l’instant, sur les creneaux des murs.
L’invincible Alaric, y passe à l’heure mesme :
On le voit haut en l’air, dans un peril extrême :
Et suivy par les siens, passant comme un esclair,
L’intrepide heros fait un combat en l’air.
Une forest de dards, s’oppose à son passage :
Pour arrester ce foudre, on met tout en usage :
Et sur le grand guerrier, en ce fatal moment,
Pierres, fleches, et feux, tombent confusement.
Par les horribles coups de sa flambante espée,
De cent et cent Romains est la trame coupée :