Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/371

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Plus d’un brave en ce lieu rencontre son tombeau ;
Et jusqu’au pied des murs, court un sanglant ruisseau.
Mais plus il en abat, plus augmente leur nombre :
Des traits qui sont tirez, tout le ciel devient sombre :
Le bouclier d’Alaric en est tout herissé ;
Et le haut de son casque en plus d’un lieu faussé.
Comme on voit quand l’orage a fait crever la nuë,
Tomber le froid amas de la gresle menuë :
Ainsi voit-on alors, tomber les traits vollants,
Sur un prince vaillant, entre les plus vaillants.
Valere qui soutient l’assaut de ce monarque,
De sa rare valeur, donne une illustre marque :
Car pouvoir resister au plus grand des guerriers,
C’est, sans estre vainqueur, se couvrir de lauriers.
Or pendant ce combat, la fortune changeante,
En des lieux differens, se fait voir differente :
Et donnant tour à tour des succés inconstans,
Le sort n’est pas esgal, entre les combatans.
Du genereux Canut, la roullante machine,
Sans aprocher des lieux ou ce chef la destine,
Gemit, s’esclatte, rompt, s’arreste, et sans bransler,
N’avance point aux murs, et ne peut reculler.
Le guerrier enragé d’une telle disgrace,
Sur le haut de la tour, se pleint, crie, et menace :
Mais inutilement faisant alors les trois,
Il descend despité de cette tour de bois.
Celle de Sigeric, ou plus d’un Goth travaille,
Plus heureuse que l’autre, aproche la muraille :