Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/381

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Sortent de leurs ramparts ; se rangent en sortant ;
Tournent teste vers Rome ; et marchent à l’instant.
Du plus haut de leurs tours, les romaines cohortes,
Voyant ce tourbillon qui vient fondre à leurs portes ;
Descouvrant la poussiére, et le voyant venir ;
Se mettent en estat de le bien soûtenir.
Par tout, le long des murs, de nouveau le fer brille ;
Par tout fume l’eau chaude, et la flame petille ;
Par tout mille cailloux sont tous prests à voler ;
Et par tout la trompette esclatte parmi l’aer.
Cependant Alaric, qui prevoit la tempeste,
S’avance fierement son bouclier sur la teste :
Et tous les Goths serrez, portans les leurs ainsi,
Imitent la tortuë, et le suivent aussi.
Alors, sans differer, on pose les eschelles ;
Alors, sans redouter les morts les plus cruelles,
Le vaillant roy des Goths, qui veut tout surmonter,
Malgré cent et cent traits, commence de monter.
O toy qui vis du ciel tout ce que je veux dire,
Ame de l’univers, fais le moy bien descrire :
Comme si j’avois veu les Goths et les Romains,
Quand par cette escalade ils en vinrent aux mains.
La gresle des cailloux, aux fleches confonduë,
Sur les boucliers sonnans alors est entenduë :
Et de coups redoublez, et de coups furieux,
La muraille raisonne en mille et mille lieux.
L’un a le bras percé, dont il tient une eschelle ;
L’autre meurt en montant où la gloire l’apelle ;
Et l’autre