Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/380

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Demeurent sur la gauche, et sur la droite apres
Les ciclades font voir leurs hauts sommets fort pres.
De ce mesme costé, la routte un peu courbée,
Fait voir aux mariniers la grande isle d’Eubée :
Samos sur la main gauche à son tour aparoit ;
Et Crete aux cent citez apres elle s’y voit.
De là rasant à droit tout le Peloponese,
Et ne voyant en l’air nul signe qui ne plaise,
La flotte fait canal ; traverse promptement ;
Et vers Parthenopée aborde heureusement.
Tout descend, et tout campe, en un lieu si fertile :
L’amazone des Goths, est conduite à la ville :
La belle se repose en un lieu si charmant,
Où la guerre et l’amour occupent son amant :
Et dans ce beau sejour, bien plus doux que la Thrace,
Des travaux de la mer tout le camp se deslasse.
Or durant que les Grecs sont campez sur ces bords,
L’aurore devant Rome estalant ses thresors,
Orne des sept costaux les cimes reculées,
Du riche et bel amas de ses couleurs meslées.
L’invincible Alaric, par ses soins esveillé,
Se reproche en secret d’avoir trop sommeillé :
Se leve promptement ; s’arme ; sort de sa tente ;
Et fait voler en l’air son enseigne flottante.
Tout le camp retentit du haut son des clairons :
Les tambours font gronder les lieux des environs :
Tout agit, tout remuë, et les troupes guerrieres,
Des eschelles aux mains, et superbement fieres,