Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/385

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Et pour les animer par ce puissant secours,
Il se dit espion, et leur tient ce discours.
Les Goths vont esprouver la fortune contraire :
Puisque l’empereur grec, qui veut servir son frere,
A du port de Bysance envoyé cent vaisseaux,
Qui déja de Pousole ont fait blanchir les eaux.
Romains ne doutez point d’une chose certaine :
J’ay veu la flotte à l’anchre, et veu son capitaine :
Et tenez assuré qu’avant qu’il soit trois jours,
Vous pourrez voir les Grecs du sommet de vos tours.
Là, chacun aplaudit ; chacun le croit fidelle :
L’allegresse redouble, à la grande nouvelle :
Et par le noble orgueil, de tous ces nobles cœurs,
On croit les Goths vaincus, et les Romains vainqueurs.
Comme lors qu’un torrent fond dans une riviere,
Il en grossit les flots, et la rend bien plus fiere :
Ainsi le grand espoir d’un secours si certain,
Leur enfle le courage, et le rend plus hautain.
Mais pendant que la ville est si fort animée,
Le camp voit revenir les coureurs de l’armée :
Qui vers le Posilipe, en cherchant du butin,
Ont veu la flotte grecque, au rivage latin.
Alaric adverty qu’ils ont fait leur descente,
Sçachant par ces coureurs que leur flotte est puissante :
Dans le conseil de guerre aussi-tost assemblé,
Parle d’un ton plus ferme, et d’un front moins troublé.
Braves Goths, leur dit-il, une nouvelle gloire,
Vient exciter vos cœurs à plus d’une victoire :