Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/392

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de combattre ce roy,
Le crime qu’il a fait, ne regardant que moy.
Ha ! Madame, dit-il, une telle victoire,
Tout criminel qu’il est, le couvriroit de gloire :
Vous pouvez tout sur moy, mais j’excepte ce point :
Et me le commandant, je n’obeïray point.
Comme vostre colere est juste et legitime,
Ce sera de ma main, qu’elle aura sa victime :
Puis qu’elle est couronnée, il la faut immoller :
Punir sa perfidie, et vous en consoller.
Non, respond l’amazone, une vangeance aisée,
Pour un cœur noble et fier, est basse et mesprisée :
Quand Alaric mourroit au milieu des combats,
Si je ne le punis, je ne me vange pas.
Mais, luy repart Eutrope, abandonner vos charmes,
A la mercy du sort ; à la fureur des armes ;
Exposer vos beaux jours, au peril, à la mort ;
Non, non, pour le pouvoir, je connois trop le sort.
Vos soins officieux, respond la beauté fiere,
Sont refusez de moy, comme vostre priere :
L’image de la mort, ne sçauroit m’esbranler :
Rome presse, partons ; enfin j’y veux aller.
Là, cét amant jaloux, fremit ; gemit ; s’emporte ;
Et perdant le respect, luy parle de la sorte.
Vous cherchez Alaric, loin de le desdaigner :
Est-ce pour le combattre, ou pour le regagner ?
Agissez-vous ainsi, par amour ou par haine ?
Estes-vous pitoyable ? Estes-vous inhumaine ?