Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/398

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Tous les deux camps font alte ; et ce prince vaillant,
Volle vers l’ennemy, pour estre l’assaillant.
Mais au lieu d’un guerrier, il trouve une guerriere,
Superbe comme belle, et belle comme fiere,
Il trouve Amalasonthe ; et ce jeune vainqueur,
Ravi comme surpris, se sent battre le cœur :
Cét objet, de la voix luy desrobe l’usage,
Et son ame s’attache à ce charmant visage.
Quatre cerfs à long bois, qu’on apelle rangers
Dans le païs des Goths, cerfs dispots et legers,
Tous caparançonnez, et d’or et d’escarlate,
Tirent le char doré, dont la richesse esclatte :
Beau char qui du sculpteur espuisa le sçavoir,
Par le noble ornement que son art y fit voir.
D’un sçavant bas-relief, plus d’un captif en larmes,
Est tristement assis, sur un grand monceau d’armes :
Avec des fers aux mains, aussi pesants que beaux,
Et l’on voit sous ses pieds, dards, piques, et drapeaux.
La belle a de drap d’or, une robe agraffée,
Où l’aiguille en cent lieux, a mis un beau trophée :
D’or brillant est son casque ; et l’on luy voit encor,
A muffles de lion, une cuirace d’or.
Ses longs et blonds cheveux, à boucles entassées,
Par un heureux hazard, negligemment placées,
Tombent sur son beau sein, et tombe apres sur eux,
Un panache ondoyant, qui couvre ses cheveux.
D’une gaze d’argent, une escharpe vollante,
Suspend son cimeterre, à la garde excellente :
Et l’art a