Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/399

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fait briller ce qu’il a de plus beau,
Ce qu’il a de plus grand, sur son riche fourreau.
Son pied droit avancé, d’une posture fiere,
Fait voir un brodequin, digne de la guerriere :
Un bouclier esclattant, charge un de ses beaux bras :
L’amazone du Nord, semble une autre Pallas :
Son quarquois est d’ivoire, et son arc est d’ebene :
Elle paroist charmante ; elle paroist hautaine ;
Et le pompeux habit qu’on luy voit en ces lieux,
Voit ternir son esclat, par l’esclat de ses yeux.
Comme l’astre du jour, d’une ardente lumiere,
Par ses rayons perçans esblouït la paupiere :
Ainsi cette beauté, sur le plus beau des chars,
D’une esgale splendeur, esblouït les regards.
Son teint vif et vermeil, plus qu’à son ordinaire,
Esclatte du beau feu de sa noble colere :
Elle prend une fléche, et l’en thoise à l’instant ;
En menace Alaric, qu’elle croit inconstant ;
Fait courber foiblement, l’arc dont elle est armée ;
Fait voller foiblement, cette fléche emplumée ;
Elle frape, et frapant elle ne blesse pas ;
L’amour pousse le coup ; l’amour retient le bras ;
Cette colere est courte, ainsi que violente ;
Et son prompt repentir, suit la fléche volante,
Ou plutost la devance, et ce prompt repentir,
Est encore suivy par un plus prompt soûpir.
Alaric estonné plus qu’on ne le peut dire,
La regarde à son tour, et comme elle soûpire :