Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/401

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Et de ce rude choq, les rochers les plus creux,
Retentissent d’un bruit esclatant comme affreux.
Victimes de l’honneur, mille guerriers s’immolent :
Mille traicts, mille dards, et mille pierres volent :
Et ces fiers ennemis, fondant comme à grands flots,
Emportent l’heroine, assez loin du heros.
Les escadrons serrez, heurtent l’infanterie,
Qui de la pique basse arreste leur furie :
Plus d’un cheval fougueux, en tombe renversé ;
Mais plus d’un bataillon, en est aussi percé.
Sous les pieds des chevaux, le fantassin sucombe :
Et sous ces mesmes pieds, plus d’un cavalier tombe :
Là ces fiers combatans, pesle-mesle et sans rang,
Boucliers contre boucliers, se roullent dans leur sang :
Là par une valeur aussi grande que rare,
La mort, mesme la mort, à peine les separe :
Et c’est en menaçant, apres leurs vains efforts,
Que leur ame orgueilleuse, abandonne leur corps.
Icy d’un brave Goth, tombe la fiere audace ;
Icy tombe à son tour, le fier soldat de Thrace ;
Icy des Mysiens, plus d’un rang s’esclaircit ;
Icy de Finlandois, le tas des morts grossit ;
D’un costé vont pliant les troupes doriennes ;
De l’autre font plier les macedoniennes ;
Et lors que le vandale a le plus de chaleur,
Le soldat d’Etolie arreste sa valeur.
Le genereux Canut, fait teste au fier Maurice,
Et l’adroit Hildegrand, au robuste Andronice :