Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/405

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Tesmoigne en ce grand jour qu’il a bien merité,
Cét esclatant renom qu’on voit si loin porté.
Jameric, et Sigar, et la belle Laponne,
Disputent à l’envy l’immortelle couronne :
Et le fier Espagnol, et le fier Sigeric,
Imitent la valeur du brave Jameric.
Le brillant char doré, d’une illustre guerriere,
Dans plus d’un bataillon, porte une beauté fiere :
Et d’une belle main qui sçait vaincre les rois,
La charmante amazone a vuidé son carquois.
L’invincible Alaric, et la cherche, et l’apelle :
Son rival comme luy cherche aussi cette belle :
Ils se cherchent l’un l’autre, et d’un mouvement prompt,
Ils se trouvent enfin, main à main, front à front.
Ces deux grands ennemis, aussi-tost qu’ils paroissent,
Sans s’estre jamais veus à l’instant se connoissent ;
Car les horribles coups qui partent de leurs bras,
En ce fatal moment, font qu’ils n’en doutent pas.
O prince trop heureux, dit le Grec en colere,
Pour vaincre les Romains, ma mort t’est necessaire ;
Pour vaincre Amalasonthe, elle te l’est aussi :
Et l’un de nous enfin doit tresbucher icy.
Tresbuche donc (respond l’invincible vandale)
Et si tu veux mourir par une main royale,
Temeraire guerrier, avance, avance toy,
Et sois digne rival d’un amant et d’un roy.
A ces mots, l’un et l’autre animez par la gloire ;
Par l’amour ; par l’espoir d’une illustre victoire ;