Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/406

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Marchent le bras levé ; se frapent en passant ;
Et heurtent leurs boucliers, d’un choq retentissant.
Comme durant l’orage une mer agitée,
Mugit, gronde, bondit, et paroist irritée :
Ainsi les deux guerriers pleins d’ire et de fierté,
Bondissent en frapant d’un et d’autre costé.
L’armet du fameux grec, sous le fer estincelle :
Sur le casque du roy ce general martelle :
Leur colere en redouble ; et tous deux furieux,
Se frapant de la main, se devorent des yeux.
Le Grec décharge un coup aussi grand que terrible :
Mais le Goth luy respond d’un autre plus horrible :
Son rival en chancelle, et trois et quatre fois ;
Et perd pour quelque temps, et la veuë ; et la voix.
Mais un moment apres le despit le r’anime :
Le cœur soustient le corps du guerrier magnanime :
Et sur ses pas tremblans, s’affermissant un peu,
La colere et l’amour luy redonnent du feu.
Cependant le heros aspire à la victoire :
Amalasonthe et Rome, occupent sa memoire :
Redoublent ses efforts ; redoublent sa valeur ;
Et le font voir bruslant d’une noble chaleur.
D’un sabre flamboyant, il menace ; il foudroye :
Le sang du fameux Grec luy donne de la joye :
Et son large bouclier, sur la terre brisé,
Ainsi que l’herbe humide en paroist arrosé.
Eutrope en desespere, et met tout en usage :
La crainte de la mort n’est point sur son visage :
Et l’on