Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/421

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De là, vers Antium, cét homme le conduit,
Où du grand Ciceron la mort fit tant de bruit :
Il luy fait remarquer la ville de Minturne ;
La ville de Capouë, et le fleuve Vulturne ;
Le beau fleuve Lyris, et l’isle de Circé ;
Isle abondante en fruits au vieux siecle passé.
Il luy fait voir apres des thermes magnifiques ;
Des temples démolis ; de superbes portiques ;
De larges aqueducs, artistement conduits ;
Des theatres pompeux, et des palais destruits.
De là, pour rendre encor son ame satisfaite
Avec peu de travail il luy fait voir Gayete :
Et ce vase fameux doctement achevé,
Où sur du marbre blanc Mercure est veu gravé ;
Où Lucothoé dance avecques les bacchantes ;
Où les satyres sont meslez aux coribantes ;
Où l’on croit presqu’oüir le son des instrumens ;
Et dont l’or enrichit les rares ornemens.
Il guide apres ses pas, assez loin de la ville,
Au celebre tombeau du celebre Virgile :
Qui pres du Pousilipe autrefois eslevé,
De l’injure des ans est encor conservé.
O prince, luy dit-il, aussi vaillant que juste,
Puisse un jour vostre gloire avoir le sort d’Auguste :
Puisse un autre escrivain par la fatalité,
Consacrer vostre nom à l’immortalité.
A ces mots il passe outre, et fait voir au monarque,
Du temple de Castor l’illustre et belle marque :