Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/422

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La haute piramide, et dans ces mesmes lieux,
En marbre fort luisant, l’image de trois dieux.
L’on connoist Apollon à son trepied delphique :
Cibele a dans ses mains la corne magnifique
Où la riche abondance a mis du fruit nouveau ;
Et le fleuve Sebethe y tient un grand roseau :
Apuyé sur son urne, où l’adroite sculpture
Fait boüillonner son onde autant que la nature.
Apres il luy fait voir, mais en esloignement,
Du Vesuve flambant le rare embrazement :
Vesuve merveilleux, montagne renommée,
Qui pousse à gros flots noirs l’eternelle fumée :
Mont qui vomit la flâme, et le souphre escumeux ;
Mont que la mort de Pline a rendu si fameux.
Vers le plus bel endroit de toute la province,
Vers Baye et vers Poussole, il conduit ce grand prince :
Et luy fait remarquer sous les monts d’alentour,
La merveilleuse voûte où penetre le jour.
Il luy montre un objet dont l’œil est idolastre :
Un cercle de rochers fait en amphitheatre :
Où le lac d’Anian, tranquile et transparent,
De l’argent le plus pur n’est gueres different.
Pres des lieux enchantez où sont ces eaux dormantes,
Il fait voir au heros des cavernes fumantes,
Où l’on brusle en hyver aussi bien qu’en esté,
Et qui par la chaleur redonnent la santé.
Le lac qui ressuscite, et la grote qui tuë,
Font alors qu’Alaric semble estre sa statuë :