Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/429

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Encore un autre Erric se fera voir fameux,
Imitera ces roys, et sera grand comme eux :
Et loin de s’enrichir en commettant des crimes,
Il n’exigera point des tributs legitimes ;
Il n’accablera point son estat oprimé ;
Se croyant assez riche, estant assez aymé.
Charles qui le suivra, de despoüilles conquises,
Ornera richement les superbes eglises :
D’Alvastre et de Saba les sacrez bastimens,
Seront de sa vertu d’eternels monumens :
Et leur magnificence, et leur belle structure,
Porteront sa memoire à la race future.
Erric prince paisible, Erric prince clement,
Sera veu sans colere, et sans ressentiment :
Et sa rare bonté, l’amour de ses provinces,
Luy fera tenir rang entre les meilleurs princes.
De Jean son successeur le naturel pieux,
De la terre dans peu le mettra dans les cieux :
Et sa grande splendeur à peu d’autres seconde,
Ne sera qu’un esclair sur la face du monde.
Aprés, un autre Erric, triomphant, abattu ;
Heureux, et malheureux, fera voir sa vertu :
Et par cette vertu, si grande et peu commune,
Il sçaura mesnager l’une et l’autre fortune :
Et tousjours resistant aux caprices du sort,
Apres divers combats il sera le plus fort.
On le verra passer de l’exil à la gloire ;
De la couronne aux fers ; et puis à la victoire :
Et par cent grands exploits signalant son pouvoir,