Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/437

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Puis retournant au camp tout chargé de butin,
Il luy fera prevoir quel sera son destin.
Cependant ce vieux chef, honteux de sa disgrace,
D’un genereux despit ranimant son audace,
Viendra teste baissée avec ses bataillons,
Attaquer son vainqueur jusqu’en ses pavillons.
Je voy, je voy d’icy la sanglante meslée ;
Je voy de ce guerrier la valeur signalée ;
Valeur opiniastre, et pleine de chaleur ;
Mais je voy tout d’un temps, sa fuite et son malheur.
Je voy le grand Gustave aussi craint que la foudre,
Aux plus desterminez faire mordre la poudre :
Sortir comme un lion de ses retranchemens ;
En repousser bien loin les plus fiers regimens ;
Mettre tout en desordre, ou plutost tout en fuite ;
Montrer esgalement sa force et sa conduite ;
Paroistre esgalement capitaine et soldat ;
Et revenir couvert de poussiere et d’esclat :
Renvoyant l’ennemy que sa vaillance dompte,
Esgalement couvert, et de sang, et de honte.
Horn, et Tot, Baudisen, et le genereux Spar,
Secondant les efforts du courageux Weimar ;
Imitant la valeur de leur brave monarque ;
Donneront de la leur une fameuse marque ;
Et par leurs actions ils auront merité,
Que quelqu’un les consacre à la posterité.
Je voy, je voy d’icy le langrave de Hesse,
Et l’electeur de Saxe accomplir leur promesse :