enfin, dans ses peuples vainqueurs,
Comme reyne des Goths, sera reyne des cœurs.
Si la tempeste arrive, et si l’orage gronde,
Elle verra sans peur l’esbranlement du monde :
Et son cœur intrepide, aussi hardy que fort,
Tiendra le tymon ferme, et trouvera le port.
Comme elle sçaura bien, cette illustre princesse,
Que la crainte de Dieu commence la sagesse ;
Et que cette sagesse est le souverain bien ;
Elle craindra le ciel, et ne craindra plus rien.
De l’orgueilleux Danois l’audace reprimée,
Fera voller partout sa haute renommée :
Du hardy Polonnois l’injuste ambition,
Perdra le vain espoir de sa pretention :
Et l’aigle de l’empire à ses pieds abattuë,
Deviendra l’ornement de sa belle statuë :
Et sur sa riche base arrestant les regards,
La fera triompher de l’orgueil des Cezars.
Une solide paix ; une paix triomphante ;
Que la justice anime, et que la gloire enfante,
A la superbe Austriche imposera la loy,
Et luy fera finir l’ouvrage d’un grand roy.
Les princes exilez rentreront dans leurs terres :
Sa main arrachera les semences des guerres :
Et cette belle main, d’un sceptre imperieux,
Fera son caducée, et la paix de ces lieux.
Toutes les nations, mesme les ennemies,
Laissant en sa faveur leurs haines endormies,
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