Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/445

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les rendra ses moindres ornemens,
Par ses grandes vertus, par ses grands sentimens.
Oüy, c’est dans l’art des roys, c’est dans la politique,
Que ce nouveau Phœnix se fera voir unique :
Son regne glorieux viendra de son sçavoir :
Et ce solide apuy fondera son pouvoir.
L’on verra son esprit plus grand que les affaires :
Elle gouverneroit tous les deux emispheres :
Et l’immense fardeau qui fit courber Atlas,
Quelque pesant qu’il soit, ne l’esbranleroit pas.
Ce modelle accomply des reynes et des princes ;
Cét esprit animant de toutes ses provinces ;
Ce mobile premier qui fera tout mouvoir ;
D’un ordre tout puissant tiendra tout en devoir.
On luy verra des yeux d’Argus ou de Lyncée,
Qui sçauront penetrer dans l’obscure pensée ;
Qui liront l’advenir au cœur de ses sujets ;
Et qui descouvriront leurs plus cachez projets.
Comme il faut qu’on pardonne, et qu’il faut qu’on punisse,
L’on verra sa clemence esgale à sa justice :
Et comme ces vertus la doivent couronner,
L’une et l’autre à son tour, punir et pardonner.
Elle aura des bontez, tendres et sans esgales :
Mais voyant l’equité dans les vertus royales,
Cette ame de l’estat, cette image de Dieu,
Tiendra tousjours ses pas dans un juste milieu.
Par ces deux qualitez, dans ses provinces calmes,
On la verra paisible à l’ombre de ses palmes :
Et l’heroïne