Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/453

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Car pour me retenir dans mes premiers liens,
Vos charmes tous puissans n’ont pas besoin des siens.
Des beautez d’Albion les charmantes atteintes,
Dit-elle en souriant, authorisent mes craintes :
Excusent mes soupçons ; et font croire aysément,
Que ce que j’ay pensé n’est pas sans fondement.
Toutesfois comme on croit plus aysément encore,
Les choses qu’on desire au cœur qui nous adore ;
Deussay-je me tromper en cét espoir menteur,
Je deteste aujourd’huy le charme et l’enchanteur :
Et sans plus me servir de l’art d’un meschant homme,
Triomphez de mon ame aussi bien que de Rome.
A ces mots Alaric transporté de plaisir,
Adjouste flâme à flâme, et desir à desir :
Et pour se couronner, et la voir couronnée,
Marche vers les Romains la prochaine journée.
Mais le premier des roys ainsi que des amans,
N’eut pas plutost marché vers ses retranchemens,
Que Rigilde adverty du succés de la chose,
Et du dernier effort où son bras se dispose,
Plein d’un ardent despit se dispose à son tour,
Ainsi que son despart de troubler son retour.
Quoy demons, leur dit-il, une fille appaisée,
Rendra Rome captive, et sa conqueste aysée ?
Empeschons, empeschons, qu’on ne triomphe icy ;
Il y va de ma gloire, et de la vostre aussi.
Ne considerons plus le sort d’Amalasonthe :
Ce grand evenement nous couvriroit de honte :
Tout l’univers a