Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/458

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qui s’allume, et qui brusle partout,
N’est plus qu’un grand brasier de l’un à l’autre bout.
Le Goth espouventé veut tâcher de l’esteindre,
Mais plus sa main travaille, et plus il voit à craindre :
Le feu plus fort que luy, par l’obstacle s’accroist :
Plus il y jette d’eau, plus affreux on le voit :
La cire avec la poix, le souphre et le bithume,
Rendent inestinguible un feu lors qu’il s’allume ;
Et la chaude matiere avecques luy courant,
Devore toute chose, et se va devorant.
Mais Wermond qui de loin aperçoit l’incendie,
Desespere en son cœur que l’on n’y remedie :
Ne sçait que devenir, ny que faire en ces lieux :
D’un costé l’ennemy se presente à ses yeux ;
A travers ses ramparts se veut faire une trace ;
Et de l’autre la flâme en bruyant le menace :
Sous differens aspects la mort se montre à luy :
Et par plus d’un malheur il a plus d’un ennuy.
Toutesfois à ses maux opposant sa constance,
Et tachant de les vaincre avec sa resistance,
Il abandonne aux siens le soin de son fossé ;
Va vers l’embrazement ; et court au plus pressé.
Mais le vaillant guerrier à peine a tourné teste,
Que Valere qui voit la flambante tempeste,
Pour retirer ses gents de ce retranchement,
Fait sonner la retraite, et marche promptement.
Tiburse d’autre part satisfait en son ame,
De voir partout le camp le desordre et la flame,
Imite son rival, et