Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/54

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Et qui sur l’Aventin plantant ses estendarts,
Triompha glorieux au noble champ de Mars.
Toy qui luy fis dompter cette superbe ville,
Aussi bien qu’à son bras donne force à mon stile ;
Esgale, s’il se peut, autheur de tous les biens,
Ma plume à son espée, et mes lauriers aux siens.
Que je sçache ses faits, comme ceux qui les virent ;
O dieu revele moy, quels peuples le suivirent ;
Quels furent les combats, qu’il luy falut donner ;
Quelle fut la valeur, que je vay couronner ;
Quels assauts soustint Rome, avant qu’elle fust prise ;
Enfin tout le progrés, de sa haute entreprise ;
Esclaire mon esprit, du feu qui l’eschauffa ;
Et fais moy triompher, ainsi qu’il triompha.
Et toy belle amazone, à qui les destinées
Devroient avoir soumis cent testes couronnées ;
Toy de qui le renom volle de toutes parts,
Aussi haut, aussi loing, que celuy des Cezars ;
Toy nouvelle Minerve, aux arts si bien instruite ;
Toy nouvelle Pallas, qui remis l’aigle en fuite ;
Fille du grand Gustave, et qu’on voit aujourd’huy,
Par cent rares vertus, fille digne de luy.
Christine, l’ornement du grand siecle où nous sommes,
Reyne qu’on voit regner au cœur de tous les hommes ;
Princesse incomparable, escoute dans mes vers,
Comment tes devanciers, dompterent l’univers :
Je dis le monde entier ; je dis la terre et l’onde ;
Car vaincre les Romains, c’est vaincre tout le monde :