Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/55

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Puis qu’on leur vit porter leur aigle et leurs combats,
De leur Tibre fameux, jusqu’aux derniers climats.
Vois tirer de l’oubly, cette esclattante histoire :
Mais crois que mes labeurs, ont pour objet ta gloire :
Et qu’en tous mes escrits, comme en tous mes propos,
Je songe à l’heroine, aussi bien qu’au heros.
 
Rome degenerant de sa grandeur antique,
N’avoit plus la splendeur qu’avoit la republique ;
Ni le solide appuy des armes et des loyx,
Qui la fit redouter lors qu’elle avoit des roys.
Des premiers des Cesars la valeur indomptable,
Estoit mal imitée, ainsi qu’inimitable :
Jule, Auguste, et Trajan, en leurs nobles travaux,
Parmy leurs successeurs n’avoyent plus de rivaux.
Tous ces grands empereurs que l’histoire revere,
Tite, Vespasian, Alexandre Severe,
Le sçavant Marc Aurelle, et le sage Antonin,
Parmy leurs grands tombeaux, gardoient leur grand destin.
Aucun nouveau Phœnix ne sortoit de leur cendre :
Rome au lieu de monter, achevoit de descendre :
L’empire divisé, paroissoit affoibly,
Et perdoit tout l’esclat qui l’avoit ennobly.
Arcade en orient aqueroit peu d’estime ;
Son frere en occident estoit peu magnanime ;
Et ces maistres du monde, accablez sous le faix,
Achetoyent laschement une honteuse paix ;
Devenoyent à leur tour esclaves volontaires,
En payant des tributs, mesme à leurs tributaires ;