Page:De Smet - Lettres choisies,1875.djvu/12

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les plus pures ont aussi leurs épines  ; mais ces épreuves sont rares et de courte durée. La brise rafraîchit presque constamment ces vastes plaines, dont le sol est d’une configuration telle, qu’il rend impossibles les surprises de l’ennemi le plus rusé. La route est un champ de verdure, parsemé de fleurs odoriférantes dont le brillant éclat n’a pour témoin que l’azur du firmament. C’est surtout en été que l’aspect des déserts respire la gaieté, la grâce et la vie, et s’il est un moment où ils doivent attirer toutes les sympathies du voyageur, c’est lorsque l’Indien, à la poursuite du chevreuil et du buffle, anime cette immense solitude de sa présence et de ses mouvements. J’ai pitié de l’homme dont l’âme n’est point émue à l’aspect ravissant d’une magnifique nature.  »

Ce fut à Belle-Vue, à neuf milles au delà du Nebraska, où Rivière Plate, que commença mon voyage par terre  ; de là à l’embouchure du Niobrarah, ou l’Eau qui court, pendant dix jours de marche, nous ne rencontrâmes aucun Indien, et ne découvrîmes pas le moindre vestige d’habitation. Mais çà et là se distinguaient quelques monticules artificiels, élevés par la main de l’homme  ; quelques monceaux de pierres entassées irrégulièrement, et des tombeaux qui contenaient les restes mortels de quelques sauvages, soigneusement enveloppés dans des peaux de buffle  ; parfois un poteau solitaire qui marquait l’endroit où quelque brave avait succombé sur le champ de bataille,