Page:De Smet - Lettres choisies,1875.djvu/122

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Ils appelaient cette route le Grand Chemin de la Médecine des blancs. Les Indiens donnent le nom de médecine à tout ce qui leur semble extraordinaire, incompréhensible, religieux. Tous les campements abandonnés le long de cette route furent visités et examinés en détail. Après avoir ramassé une quantité d’objets qu’ils me montrèrent pour en connaître l’usage et la signification, ils remplirent leurs havre-sacs de couteaux, de cuillers, de fourchettes, de bassins, de cafetières et d’autres ustensiles de cuisine, de haches, de marteaux, etc., etc. ; ils se firent des colliers avec des morceaux de tasses de faïence, d’assiettes et de plats, qui portaient quelque trace d’une inscription ou d’une figure ; ils se les suspendirent au cou et aux oreilles. Que de récits nos Indiens auront à faire concernant la Grande Route de la Médecine des blancs, lorsque, de retour dans leurs villages, ils se trouveront au milieu d’un cercle de parents et d’amis !

Mais ces débris de toute nature ramassés par nos Indiens n’étaient pas les seuls vestiges de la multitude d’émigrants qui, pour aller à la recherche de l’or, s’étaient lancés à travers cette immense plaine, affrontant avec un rare courage des fatigues et des difficultés inouïes. Les ossements blanchis des animaux domestiques disséminés sur la route, les tertres funèbres élevés à la hâte sur le tombeau d’un parent ou d’un ami décédé dans ce long voyage, et le tribut payé à sa mémoire par