Page:De Smet - Lettres choisies,1875.djvu/15

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mouvement, ce phénomène pourrait bien être produit par la réverbération du soleil sur la surface des plaines, reflétant les couleurs variées de cette verdure sur l’azur du firmament.

Outre les inconvénients qui naissent de la nature du sol, il en est d’autres que l’été ramène toujours avec ses milliers d’insectes. Parmi ceux-ci, le plus à redouter est sans contredit le taon, dont la piqûre a plus d’une fois fait bondir de rage l’animal le plus doux. Heureusement que la Providence semble avoir donné au cheval, dans ces plaines, un défenseur également habile et dévoué  ; c’est l’étourneau, que la présence de l’homme n’intimide point, et qui, voltigeant sans cesse autour du cavalier, se place sur la charge ou sur le dos du cheval, pour s’abattre ensuite avec une admirable adresse sur l’insecte malfaisant qui vient assaillir son compagnon de voyage.

Pour nous, nous eûmes à faire une guerre sans relâche à des myriades de maringouins et à leurs alliés les brûlots. Ceux-ci nous tourmentaient pendant le jour  ; les autres, plus lâches, nous attaquaient pendant la nuit. Ces ennemis affamés, qui sont le produit des eaux stagnantes et des plantes en décomposition, à l’approche d’un convoi, quittent leurs demeures infectes, et l’accompagnent de leurs bourdonnements plaintifs jusqu’à l’endroit où il cherche en vain à trouver du repos, après les chaleurs et les fatigues de la journée. La tribu ailée sonne aussitôt la trompe guerrière,