Page:De Smet - Lettres choisies,1875.djvu/160

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queur devait y conduire tous les voyageurs. J’avais quitté pendant une heure mes treize compagnons, pour aller réclamer trois caisses à la douane et les faire transporter directement à bord du bateau à vapeur le Humboldt. À mon arrivée au débarcadère, tous les passagers s’y trouvaient, excepté ma bande. J’envoyai aussitôt à sa recherche une dizaine de personnes qui parcoururent les quais et les rues du Havre, six heures durant, sans obtenir la moindre information. Et l’on était au moment du départ  ! Un gendarme enfin, auquel je m’étais adressé comme à une dernière ressource, et la plus sûre après tout, vint bientôt me tirer d’embarras et me dire que les jeunes messieurs qui me donnaient tant de soucis et d’inquiétude, se trouvaient depuis six heures à bord du Humboldt, et qu’à cause de mon long retard, eux aussi étaient très-inquiets par rapport à moi. Je m’empressai d’aller les rejoindre, et j’arrivai heureusement au moment où l’on allait lever l’ancre pour s’engager dans la haute mer.

Je trouvai, sur le vapeur, des gendarmes qui étaient à la recherche de quelques individus suspects. On disait que ces agents de la sûreté publique avaient reçu les ordres les plus sévères de visiter minutieusement tous les passe-ports. Mes compagnons étaient en règle, un seul excepté, qui était venu me rejoindre à Paris, du consentement de ses parents. Je n’étais pas sans souci à son égard. Notre jeune déserteur, M. M…, s’était