Page:De Smet - Lettres choisies,1875.djvu/162

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le lit  ; vint ensuite le jeune Fortuné Hègle,[1] qui a l’estomac trop faible pour faire jamais un bon marin  ; cependant la misère neptunienne ne lui fit point perdre courage et le trouva sans un mot de regret d’avoir quitté pour quelques années ses paisibles pénates. Tous les autres s’en tirèrent tant bien que mal. Quant à moi, j’ai tenu bon pendant tout le voyage et je me suis à peine ressenti du mal de mer. Aux vents violents et orageux dont nous eûmes à souffrir, ajoutons que nous courûmes d’autres dangers : la machine à vapeur s’est plusieurs fois dérangée, et à différentes reprises les chaudières menacèrent de nous faire sauter en l’air : le charbon était de mauvaise qualité et commença à manquer le douzième jour de notre voyage. On fut forcé de dévier de la route ordinaire, pour aller chercher un supplément de combustible à Halifax, port de mer de la Nouvelle-Écosse. Cette négligence de la Compagnie du Havre[2] nous a été bien fatale dans ses conséquences.

  1. M.  Hègle, père de ce jeune compagnon de voyage du R. P.  De Smet, était alors propriétaire, à Bruxelles, d’un grand établissement industriel connu sous le nom de Manufacture royale de gants. Le fils Hègle se rendait aux États-Unis pour y achever ses études commerciales. (Note de la présente édition.)
  2. Le Havre, autrefois le Havre de Grâce, ville et port de France (Seine inférieure), chef-lieu d’arrondissement, préfecture maritime et place forte, est situé sur la rive droite de la Seine à son embouchure dans la Manche, à 178 kilomètres N. O. de Paris (213 kil. par Rouen). La ville du Havre est