Page:De Smet - Lettres choisies,1875.djvu/187

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avec beaucoup d’ordre, car chacun reçoit sa pitance. Tous les convives se mettent à l’œuvre et les portions ont bientôt disparu avec une célérité vraiment surprenante. Chaque sauvage considère comme un strict-devoir de faire ample consommation dans ce Grand Festin religieux.

Les Assiniboins ont leurs exercices chorégraphiques particuliers pour cette fête. La plupart d’entre eux dansent quelques rondes et puis s’éloignent du cercle à volonté  ; mais une bande de jeunes gens exécute la Grande Danse religieuse et fait un vœu au tonnerre ou Voix du Grand Esprit  ; ils se livrent alors à des pirouettes et à des gambades qui durent, sauf de courts intervalles, durant trois jours et trois nuits, sans qu’ils prennent la moindre nourriture ni même le plus léger rafraîchissement. Je tiens ce fait d’un témoin oculaire et digne de foi. Cette cérémonie se pratique dans un esprit de pénitence, ou plutôt de propitiation, afin d’obtenir du Grand Esprit des succès à la guerre. Tous les nouveaux vêtements achetés ou préparés pendant l’hiver, depuis le casque à plumes d’aigle jusqu’aux guêtres et aux mocassins ou souliers brodés en peau, ornent leurs corps pour la première fois dans cette occasion solennelle, et donnent à cette réunion de sauvages une apparence extrêmement burlesque.

Ceux qui ne sont point engagés dans les observances religieuses passent leur temps en jeux et en conversations très-animés.