Page:De Smet - Lettres choisies,1875.djvu/188

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La fête dure environ dix jours. Avant de se séparer, chacun détruit ou coupe en morceaux l’objet de son sacrifice, de telle manière que personne ne puisse plus s’en servir. C’est le dernier acte de la grande solennité religieuse parmi les Assiniboins ; les bandes se séparent ensuite pour se rendre à leurs chasses respectives.

Ils ont recours encore à quelques autres pratiques superstitieuses dont j’ai pris connaissance pendant ma visite au milieu d’eux, et qui sont assez singulières pour mériter d’être rapportées.

Le soleil est adoré par la plupart des tribus indiennes, comme la source de la lumière et de la chaleur. Les Assiniboins le considèrent en même temps comme la résidence favorite du Grand Maître de la vie. Ils témoignent au bel astre un grand respect et une profonde vénération, et rarement ils lui adressent à haute voix la parole ; c’est à voix basse qu’ils lui font leurs prières et leurs supplications. Chaque fois qu’ils allument le calumet, ils lui en offrent les prémices et lancent vers lui leurs premières bouffées.

L’éclipse du soleil est regardée comme le signe avant-coureur de quelque grande catastrophe. Si un jongleur apprend le phénomène un peu de temps auparavant, par l’entremise d’un blanc, il ne manquera pas d’en profiter pour faire valoir ses connaissances ou son intelligence du Wah-kon. Dans ces moments d’éclipse, les sauvages sortent de leurs loges tout armés ; ils déchargent leurs fusils,