Page:De Smet - Lettres choisies,1875.djvu/193

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la perde, c’est assez pour arrêter dans son expédition le chef ou le guerrier le plus intrépide et lui faire abandonner l’entreprise la plus importante dans laquelle il puisse se trouver engagé. Ils ont la conviction que toute aide doit leur venir du Grand Esprit  ; mais, comme ils ne peuvent ni le voir ni le toucher, c’est par l’entremise de leur idole tutélaire et favorite qu’ils invoquent l’Être suprême. S’il arrive, quoique le cas soit très-rare, qu’un individu fasse profession de ne croire à aucune espèce de Wah-kon, il est regardé avec mépris, à peu près comme l’est un infidèle ou un athée dans un pays catholique  ; on le montre au doigt et on l’évite.

Quant à la vie future, les Assiniboins croient que les âmes des morts émigrent vers le sud, où le climat est doux, où le gibier et surtout les buffles sont très-nombreux, où les lacs et les rivières sont remplis de poissons, où les plaines et les forêts donnent une abondante variété de fruits et de racines. Leur enfer, c’est le revers de cette médaille : les malheureux y vivent au milieu des neiges et des glaces, dans un dénûment complet de toutes choses. On trouve cependant, parmi ces Indiens, des individus qui considèrent la mort comme la simple cessation de toute vie et de tout mouvement, et ne voient rien au delà. À cause de l’incertitude qui règne parmi eux quant aux deux systèmes, ils ne semblent attacher aucune importance ni à l’un ni à l’autre. Ils en parlent