Page:De Smet - Lettres choisies,1875.djvu/225

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premier coup d’œil, à quelques touffes de cheveux gris, comme appartenant à un jeune Pied-Noir qui n’était point revenu de la chasse.

Le chef prit aussitôt ses mesures. Il fit signe à la femme de le suivre, mais lui recommanda de se retirer, parce que rien ne pouvait se faire avant le jour. Il lui fit défense de communiquer son secret à personne ni de soulever le moindre soupçon. Il craignait que, dans le trouble, et à la faveur de l’obscurité de la nuit, quelques Corbeaux ne vinssent à s’échapper.

Le Cerf Pommelé fit seul et sans bruit le tour du camp. Il réveilla ses principaux guerriers, au nombre de vingt à trente, ainsi que ceux qu’il désirait consulter dans cette grave circonstance. Tous le suivirent sans l’interroger et furent conduits à un endroit solitaire dans le voisinage du camp. Là, après avoir formé un cercle et allumé un flambeau, le chef déploya la chevelure ensanglantée et leur raconta l’aventure de la femme.

Les plus jeunes des conseillers voulaient prendre immédiatement vengeance des Corbeaux, mais le chef leur représenta que la nuit était un temps peu favorable  ; qu’ayant fumé ensemble le calumet de la paix, les tuer quand ils dormaient profondément et dans un camp hospitalier serait contraire à tous leurs usages, et attirerait sur eux le mépris des autres nations. Il leur donna l’ordre de se tenir prêts et bien armés à la pointe du jour.

Les Corbeaux se levèrent de bonne heure. Quel