Page:De Smet - Lettres choisies,1875.djvu/228

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à qui sont ces dépouilles  ? Sont-ce celles de mes deux frères, tués par toi ou tes gens, il y a à peine deux lunes  ? ou appartiennent-elles aux parents de l’un ou de l’autre Corbeau ici présent  ? C’est la vengeance qui m’a amené ici. Mon frère tient dans son sac le pendant de cette chevelure. C’était notre détermination, avant de quitter le camp, de te jeter au visage ces restes sanglants en même temps que nôtre défi.  »

Ce langage détermina les Pieds-Noirs quant au parti qu’ils allaient suivre. — «  Jeune homme, tu as bien parlé, lui répondit le Cerf Pommelé  ; tu es vaillant et tu ne crains point la mort qui va te frapper dans quelques instants toi et tous tes compagnons. Cependant, nous avons fumé le calumet de paix ensemble, il ne convient pas que la terre où cette cérémonie a eu lieu boive votre sang. Corbeau, regarde la colline devant nous  ; c’est le chemin qui conduit vers tes loges. Jusque-là, nous te permettons d’aller. Dès que tu auras atteint cette limite, nous volerons à ta poursuite. Prends les devants avec les tiens et quitte-nous.  »

Les Corbeaux partirent à l’instant même et se dirigèrent vers l’endroit indiqué, déterminés à vendre chèrement leurs vies dans ce combat qui devait être si inégal. Les ennemis, de leur côté, montant leurs coursiers rapides, attendirent avec impatience l’ordre de poursuivre les Corbeaux.

Aussitôt qu’on fut arrivé au sommet du coteau, le cri de guerre, sassaskwi, retentit de toutes