Page:De Smet - Lettres choisies,1875.djvu/229

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parts dans le camp. Les Pieds-Noirs, brûlant de se venger de l’outrage reçu, se lancèrent en avant avec la plus grande impétuosité. Les Corbeaux, au bout de quelques instants de marche, rencontrèrent dans la plaine un ravin profond, creusé par l’écoulement des eaux ; ils jugèrent la position favorable, et s’y réfugièrent. Dès que les Pieds-Noirs se furent approchés du ravin pour en déloger leurs ennemis, une décharge générale de fusils et de flèches venant du parti corbeau tua huit hommes Pieds-Noirs et en blessa un plus grand nombre. Cette décharge les mit en déroute et les força de s’éloigner. Les Pieds-Noirs descendirent de leurs coursiers ; il y eut plusieurs escarmouches entre eux et leurs ennemis, mais toutes furent au désavantage des Pieds-Noirs ; car les Corbeaux se trouvaient merveilleusement à l’abri tandis que les autres étaient exposés sans protection aucune dans la prairie. Un bon nombre des Pieds-Noirs perdirent la vie dans ces conjonctures tandis que les Corbeaux n’essuyèrent pas la moindre perte. Le Cerf Pommelé, voyant le danger et la perte inutile de tant de guerriers, fit un appel à ses braves ; il leur proposa de se mettre à leur tête et de fondre ensemble sur leurs ennemis. Sa proposition fut acceptée ; le cri de guerre retentit de nouveau ; ils fondirent en masse sur les Corbeaux, et, après avoir déchargé sur eux leurs fusils et décoché leurs flèches, armés seulement de leurs dagues et de leurs casse-tête, ils s’élancèrent