Page:De Smet - Lettres choisies,1875.djvu/230

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pêle-mêle dans le ravin où ils firent, en peu d’instants, un horrible massacre de tous leurs ennemis. Il est à remarquer que, dans cette lutte suprême, aucun Pied-Noir ne perdit la vie.

Après le combat, les chevelures furent enlevées par les vainqueurs qui s’étaient le plus distingués  ; les femmes coupèrent les cadavres en si petits morceaux, qu’à peine on pouvait y reconnaître un membre quelconque d’un corps humain. Toutes les chevelures et tous les lambeaux de chair furent attachés, en guise de trophées, au bout des lances et des perches, et portés triomphalement jusqu’au camp, au milieu de chants de victoire, de cris de rage, de hurlements et de vociférations à l’adresse de leurs ennemis. Il y eut néanmoins une grande affliction, causée par la perte de tant de guerriers. La guerre entre ces deux tribus se continue depuis lors sans relâche.

C’est sur le champ de bataille même où se passa le fait que cette horrible histoire m’a été racontée, en 1851, par un chef qui en avait été témoin.

Je recommande, d’une manière toute spéciale, à vos bonnes prières et à vos saints sacrifices ces pauvres Indiens qui demandent, depuis quatorze années, à voir quelques-uns de nos Pères pour venir leur annoncer les vérités consolantes de l’Évangile. On peut vraiment dire d’eux, avec les Saintes Écritures : «  Parvuli petierunt panem et non erat qui frangeret eis.  » Ils ont demandé du pain, et il n’y eut personne qui le leur rompît.  »