Page:De Smet - Lettres choisies,1875.djvu/264

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s’écrie : — «  Amis, voici le chef pied-noir, car sa médaille l’annonce et le fait connaître. Je tiens entre mes mains le couteau du Mâttau-Zia (Pied d’Ours), de qui vous connaissez les hauts faits et qui a été, pendant un grand nombre d’années, la terreur de notre nation.  » — Alors avec le même couteau tout ensanglanté, il ôta la chevelure au Pied-Noir et lui coupa les deux mains, pour accomplir le dernier point de sa prophétie. — Elle se répétera de père en fils parmi les Assiniboins, jusqu’à la dernière génération. Après cette victoire, Tchatka reçut son troisième nom, celui de Mina-yougha, ou «  l’homme qui tient le couteau.  »

Toute la tribu fut ivre de joie en voyant les guerriers de l’expédition revenir avec tant de trophées remportés sur leurs plus anciens et leurs plus cruels ennemis. Aussi les danses et les incantations, toujours au son du tambour mystérieux, et les réjouissances publiques se renouvelèrent cent fois pendant Y espace d’une lune ou d’un mois. La gloire de Tchatka et de ses manitous fut célébrée dans tout le camp. On l’acclamait le Mina-yougha et le Wahkon-tangka par excellence, à qui rien ne saurait résister. Il ne perdit point les avantages qu’il avait su conquérir dans l’opinion publique par sa ruse profonde et cruelle. Tout pouvoir dans la tribu lui fut confié, et avant lui jamais chef, parmi les Assiniboins, ne s’était attiré autant de respect et de crainte.

En véritable pacha ou mormon moderne, il se