Page:De Smet - Lettres choisies,1875.djvu/265

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choisit trois femmes à la fois, sans même les consulter. Deux de celles-ci avaient déjà été fiancées à deux jeunes guerriers très-influents. Malgré les réclamations de ceux-ci, les parents des jeunes filles se crurent très-honorés d’appartenir à la famille du Grand Chef, par le choix qu’il avait fait de leurs enfants, et ils les conduisirent à la loge de Tchatka. Pour maintenir la paix dans son nouveau ménage et mettre les mécontentes de bonne humeur, il donna ordre à un de ses affidés d’empoisonner secrètement les deux prétendants. Il partit pour la chasse afin de se mettre à l’abri de tout soupçon. À son retour, on lui apprit la nouvelle de la mort de ses rivaux  ; il se contenta de dire : «  Ceux qui sont capables de me contrarier dans la moindre des choses, ou qui méprisent mon pouvoir, sont dans le plus grand danger de perdre misérablement la vie.  »

C’est ainsi que l’agent principal de Tchatka, dans l’exécution des nombreux empoisonnements ordonnés par ce monstre, s’acquittait de son mandat. Nous devons dire un mot sur les rapports que ces deux scélérats entretenaient ensemble. L’agent était proche parent du chef. Sa taille était d’environ cinq pieds  ; son corps était très-robuste. Il avait perdu l’œil droit dans une querelle  ; au-dessus de l’autre pendait une grande loupe, qui partait du milieu du front et s’étendait jusque sur la mâchoire. Il avait le nez aplati, de grosses lèvres, une large bouche béante laissant voir deux solides