volonté du chef pour vivre ou pour mourir. De là leur soumission absolue à ses moindres caprices. Ce peuple, libre auparavant comme les oiseaux dans l’air, fut réduit, pendant longtemps, à l’état de vils esclaves obéissant au moindre signe d’un tyran aussi lâche que cruel.
Dans le courant de l’année 1836, Tchatka se présenta de nouveau au fort Union, à la tête d’une bande de chasseurs. Ils y étaient venus pour vendre leurs pelleteries, leurs peaux de buffles, de castors, de loutres, de renards, d’ours, de biches, de chevreuils, de grosses cornes, en un mot les produits de leurs chasses, et recevoir, en échange, du tabac, des couvertures de laine, des fusils, des munitions, des couteaux, des dagues et des lances. Les pelleteries appartenaient en grande partie à Tchatka ; il les offrit pour une petite quantité de tabac, disant secrètement à son acheteur : « J’ai absolument besoin, coûte que coûte, d’une bonne quantité de poison, et je vous supplie de m’en procurer ; sans quoi, le crédit qui m’entoure au milieu de mes guerriers m’abandonnerait sans retour. » La proposition fut repoussée avec horreur, et Tchatka reçut, pour toute réponse, de sévères reproches sur la scélératesse de sa demande et sur ses infâmes procédés. Ces reproches demeurèrent sans effet sur ce cœur pervers, endurci par une longue série de crimes les plus inouïs. Il quitta le fort mécontent, irrité, furieux d’avoir été frustré dans son espoir.