Page:De Smet - Lettres choisies,1875.djvu/306

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Comme la neige se fond à l’approche d’un soleil brûlant  ; comme les eaux turbulentes des cascades et des cataractes continuent, après leur chute, leur cours paisible  ; comme le calme succède à la tempête, ainsi, à la voix de la jeune enfant, la colère de l’étranger et le courroux de son adversaire firent place à une amitié profonde et éternelle  ; ils s’embrassèrent affectueusement. Afin de rendre l’union plus durable et plus intime, l’homme demanda pour compagne la fille du castor. Après un moment de réflexion, celui-ci la lui présenta, en disant : — «  C’est le décret du Grand Esprit, je ne saurais m’y opposer  ; prends ma fille chérie sous ta protection, et vas en paix.  » — L’homme, avec sa femme, continua son voyage jusqu’à l’embouchure de la rivière. Là, à l’entrée d’un pré émaillé de fleurs et environné d’arbres fruitiers de toutes les sortes, au milieu des animaux et des oiseaux de toute espèce, il choisit sa demeure et dressa sa loge. De cette union, une famille nombreuse prit naissance  ; on l’appela les Lenni-Lennapi, — c’est-à-dire la famille primitive ou le peuple ancien, aujourd’hui connu sous le nom de Delawares.

Les Delawares croient à l’existence de deux Grands Esprits, qu’ils appellent Wàka-Tanka et Wâka-Cheêka, c’est-à-dire le Bon Esprit et le Mauvais Esprit, auxquels tous les manitous, ou esprits inférieurs, soit bons soit méchants, doivent hommage et obéissance.