Les manitous ne sauraient d’eux-mêmes leur faire ni le bien ni le mal ; car ils ne sont que les médiateurs fidèles des Grands Esprits, pour exécuter leurs ordres et leurs desseins.
Ils croient que l’âme est matérielle, quoique invisible et immortelle. Ils disent qu’elle ne quitte point le corps immédiatement après la mort, mais que ces deux parties de l’homme descendent ensemble dans le tombeau, où elles restent réunies pendant plusieurs jours, quelquefois même pendant des semaines et, des mois. Après que l’âme a quitté le tombeau, elle retarde encore quelque temps son départ, avant qu’elle soit capable de briser les liens qui l’ont si intimement attachée au corps sur la terre.
C’est à cause de ce grand attachement, de cette union si intime du corps et de l’âme, que les Indiens barbouillent et ornent soigneusement le cadavre avant de l’enterrer, et qu’ils placent dans la tombe des provisions, des armes et des ustensiles. Cet usage est non-seulement un dernier devoir de respect rendu au mort, mais en même temps une profession de leur croyance que l’âme paraîtra sous la même forme dans le pays de la vie, si elle est assez heureuse pour y parvenir. Ils sont persuadés que les ustensiles, les armes, les aliments sont indispensables à l’âme pour parcourir le long et dangereux trajet qui mène à l’île du Bonheur.
Watomika, dont je vous ai parlé, m’a assuré qu’il a placé chaque jour un mets favori sur le