Page:De Smet - Lettres choisies,1875.djvu/314

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nikinic[1] ou killikinik. Pendant que ces morceaux se consument, les jongleurs soulevant d’une main leurs Wahkons, ou idoles, et tenant de l’autre une calebasse remplie de petits fragments de pierre, battent la mesure, dansent et entourent ainsi le sacrifice fumant. En même temps, ils implorent le Wâka-Tanka de leur accorder libéralement ses dons.

Après que le cœur et les feuilles ont été entièrement consumés, les cendres sont soigneusement recueillies sur une belle peau de faon, ornée de perles et brodée en porc-épic, et présentées au grand sacrificateur. Celui-ci sort à l’instant même de sa loge, précédé de quatre maîtres de cérémonies portant la peau, et suivi par toute la bande des jongleurs. Après avoir harangué la multitude dans les termes les plus flatteurs, il divise les cendres du sacrifice én six parties. Il lance la première vers le ciel et supplie le Bon Esprit de leur accorder ses bienfaits  ; il répand la seconde

  1. Le Kinnihinic, le Rhus ou Sumac, un genre d’arbuste de la famille des térébinthacées et qui comprend un grand nombre d’espèces  ; les plus remarquables sont le Sumac des corroyeurs, Rhus coriaria, qui fournit une sorte de tan  ; le Sumac de Virginie, le Sumac vénéneux, dont le suc est un poison très-actif  ; et le Sumac au vernis, dont le suc, également vénéneux, sert, chez les Japonais, à vernir les ustensiles de bois. — Les Indiens de l’Amérique du Nord font entrer l’écorce et les feuilles du Sumac rouge dans la préparation du tabac qu’ils fument. (Note de la présente édition.)