Page:De Smet - Lettres choisies,1875.djvu/335

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montra, dans le palais du Congrès, un bas-relief représentant les premiers colons débarquant en Amérique et un chef indien leur offrant un épi de blé en signe d’amitié. — «  Ah  ! dit-il, c’était bien  ; ils étaient envoyés par le Grand Esprit pour partager le sol avec leurs frères.  » — Mais quand il vit Guillaume Penn négociant avec les indigènes : — «  Ah  ! s’écria-t-il, à présent tout est perdu  !   »

En 1784 eut lieu au fort Schuyler un congrès général des peuplades indiennes, auquel assistèrent Jaquette Rouge et le marquis de La Fayette[1]

  1. La Fayette (Marie-Jean-Paul-Roch-Ives-Gilbert Motier, marquis de), né au château de Chavagnac, en Auvergne, en 1757, acheva son éducation au collège du Plessis, à Paris. Il se trouvait en garnison à Metz, lorsqu’il apprit l’insurrection des colonies anglaises d’Amérique. «  Aussitôt, dit-il, mon «  cœur fut enrôlé, et je ne songeai plus qu’à rejoindre mes «  drapeaux.  » — Malgré la cour, malgré sa famille, il équipa un bâtiment à ses frais, possesseur qu’il était d’une grande fortune, partit, et débarqua à Georgetown, en 1777. Il demanda au Congrès à servir à ses dépens comme volontaire  ; on le nomma major-général de l’armée  ; Washington l’accueillit avec bonté, et lui conserva toute sa vie une amitié vraiment paternelle. Blessé grièvement à la bataille de Brandywine, que Washington perdit contre les Anglais le 11 septembre 1777, il servit ensuite dans la Virginie, à l’armée du Nord, était au combat de Monmouth, 1778  ; et, sur le bruit d’une guerre entre la France et l’Angleterre, il revint dans sa patrie comblé des éloges officiels du Congrès. Il fut partout bien accueilli. «  J’eus à Versailles la «  faveur, dit-il, à Paris la popularité.  » Il travailla avec d’autant plus d’ardeur au succès de la cause qu’il avait embrassée. «  Pour remonter l’armée américaine, disait Maurepas, il eût