enflammées par toutes les injures reçues jadis des autres blancs, devaient, en l’absence des vrais coupables, descendre sur ces innocentes victimes. Ils les chargèrent d’insultes et les accablèrent de cruautés. Après une marche pénible et précipitée, continuée pendant plusieurs jours, presque sans qu’ils pussent prendre le moindre repos et avec très-peu de nourriture, ils arrivèrent au village du grand chef comanche, proche parent des chasseurs massacrés par les Espagnols.
Le camp avait été averti d’avance de l’approche des fameux guerriers ! Ils y furent reçus avec tous les honneurs d’un vrai triomphe, consistant en danses de chevelures, en chants et en festins, comme si ces misérables s’étaient réellement distingués par une action héroïque et dans une bataille rangée. Pendant que le conseil était en séance dans la loge du chef, pour délibérer sur le sort des prisonniers, ceux-ci furent conduits autour du village, au milieu des injures les plus atroces que chaque guerrier avait le droit de leur infliger. Le chef enfin proclama la sentence de mort, aux acclamations de toute la multitude. Le poteau fut aussitôt élevé dans le centre du camp et entouré de fagots. Le Français et sa femme y furent attachés ensemble pour y périr dans les flammes. Les sarabandes sauvages, les gestes frénétiques, les cris, les vociférations et les hurlements horribles de ces Indiens furieux augmentaient encore les angoisses profondes et l’affreuse agonie de leurs