Page:De Smet - Lettres choisies,1875.djvu/368

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et sacrées éclairent les pas des morts dans leur passage solitaire et obscur au pays des âmes. Voici l’origine de ce feu sacré et funèbre parmi ce peuple. J’en tiens la légende de la bouche même de notre bon Watomika.

Un parti hostile de Chippeways rencontra ses ennemis dans une grande et belle plaine. Le cri de guerre se fit aussitôt entendre, et ils livrèrent bataille. Leur chef était un guerrier distingué et vaillant. Dans cette occasion, il se surpassa lui-même en bravoure, et un grand nombre de ses adversaires tombèrent sous les coups redoublés de son formidable casse-tête. Déjà il donnait le signal de la victoire à ses braves en armes lorsqu’il reçut une flèche dans la poitrine et tomba mort dans la plaine. Le guerrier qui reçoit le dernier coup en combattant n’obtient jamais les honneurs de la sépulture. Selon l’ancienne coutume, il reste assis sur le champ de bataille, le dos contre un arbre ou un pieu, et la face tournée dans la direction qui indique la fuite de l’ennemi. Il en fut de même pour celui ci. Son grand bonnet de plumes d’aigle lui fut proprement ajusté sur la tête. Chaque plume indiquait un trophée ou une chevelure remportée à la guerre. Son visage fut peinturé avec soin. On l’habilla et on le revêtit de ses plus beaux accoutrements, comme s’il eût été en vie. Tout son équipement guerrier fut placé à ses Côtés. Son arc et son carquois, dont il s’était si vaillamment servi dans tant de combats, repo-