Page:De Smet - Lettres choisies,1875.djvu/381

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

De là il se rendit en voiture à cinquante milles plus loin, à la ville de Kansas. Il partit ensuite de Kansas dans une barque, avec quatre autres voyageurs, dans l’intention de descendre la rivière Missouri jusqu’à un endroit où ils trouveraient des bateaux à vapeur  ; ceux-ci à cause de la baisse des eaux dans cette saison de l’année, ne peuvent remonter le fleuve jusqu’à Leavenworth. Descendre la rivière est une entreprise très-dangereuse, vu la rapidité du courant et les nombreux chicots ou arbres entiers, détachés des côtes et enfoncés dans la vase. Il suffit de frapper contre l’un d’eux pour faire chavirer l’embarcation. Chaque année, un bon nombre de bateaux à vapeur se perdent contre ces écueils. Le danger n’était certainement point inconnu au P.  Duerinck  ; mais, enfant d’obéissance et homme de zèle, il croyait, sans doute, ne pas devoir reculer devant un péril que tant de voyageurs affrontent tous les jours. Ce dévouement lui coûta la vie. À vingt-cinq milles plus bas que Kansas City, point de leur départ situé entre les villes de Wayne et de Liberty, la nacelle donna contre un chicot, et se renversa. Les cinq voyageurs furent jetés à l’eau, sauf deux, qui parvinrent à s’accrocher aux bords de la nacelle et à s’y maintenir jusqu’à ce que le courant les déposât sur un banc de sable. Les trois autres périrent, parmi lesquels le P.  Duerinck.

Le P.  Jean-Baptiste Duerinck était né à Saint-Gilles, lez-Termonde, le 8 mai 1809. Formé à la