Page:De Smet - Lettres choisies,1875.djvu/404

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la société barbare s’élève à la hauteur de la société civilisée. Ni la première, ni la seconde, ni la troisième génération, malgré tous leurs efforts, n’arriveront à cet heureux résultat. Avant donc qu’il y ait fusion parfaite entre les deux sociétés, la société civilisée aura tout l’avantage sur la société barbare  ; elle l’aura entièrement à sa merci, et tâchera de la faire servir à toutes ses volontés. La société barbare ne jouira plus d’aucune considération  ; elle perdra ses privilèges et ses droits, et sera réduite à n’être plus que le jouet des caprices de la société dite civilisée. En un mot, la barbarie ne peut pas mieux se soutenir en présence de la civilisation, que la simplicité de l’enfance ne sait lutter contre la prudence de l’âge mûr. Voilà, selon moi, ce qui va se réaliser au Grand-Désert, quand la race rouge viendra en contact avec la race blanche. Le jugement du sauvage n’est pas assez développé pour se mesurer avec la finesse et l’habileté de l’homme né au sein de la civilisation. C’est ce qui nous remplit d’inquiétude pour l’avenir de nos chers néophytes dans les différentes missions. Nous n’avons de confiance qu’en la bonté divine, qui, nous l’espérons, ne manquera pas de venir au secours de ses enfants.

«  Il n’était pas difficile d’entrevoir ce grand événement, qui doit engloutir, dans un commun naufrage, toutes les tribus indiennes. L’orage qui vient d’éclater sur leurs têtes se préparait depuis longtemps  ; il ne pouvait échapper à l’œil de l’obser-