Page:De Smet - Lettres choisies,1875.djvu/50

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à peu près semblables les uns aux autres, ejusdem farinœ. Chez tous, on rencontre la même cruauté, la même barbarie, la même paresse ou indolence, enfin, les mêmes superstitions basses et révoltantes, poussées aux dernières limites où l’esprit humain, abandonné à lui-même et sous l’empire des viles passions, est capable de conduire.

Une observation assez commune, et je l’ai moi-même entendu faire par plusieurs personnes, c’est que l’état religieux, aussi bien que l’état social des Indiens de ces contrées, n’est aucunement susceptible d’amélioration. Je suis loin de partager cette opinion. Qu’on enlève les obstacles qui viennent de la part même des gens qui s’appellent civilisés  ; qu’on empêche, avant tout, l’importation des liqueurs fortes, fléau destructeur des sauvages  ; qu’on leur envoie des missionnaires, dont le zèle n’ait pour mobile que l’amour de notre divin Maître, et pour objet que le bonheur des pauvres âmes qui seront confiées à leurs soins, et j’ose dire que bientôt on aura le consolant spectacle d’une amélioration sensible parmi eux. Mes observations personnelles servent de fondement à ces espérances. J’ai eu des entretiens fréquents avec les Pieds-Noirs, les Corbeaux, les Assiniboins, les Riccarees et les Sioux  ; toujours ils ont prêté l’attention la plus assidue à toutes mes paroles  ; toujours ils ont écouté avec le plus grand plaisir et le plus vif intérêt les saintes vérités que je leur annonçais. Ils me suppliaient, avec une ingénuité charmante,