Page:De Smet - Lettres choisies,1875.djvu/99

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est d’environ trente milles. Nous vîmes très-peu de bêtes fauves ; de temps en temps, une gazelle ou un chevreuil était réveillé dans sa retraite et prenait la fuite à notre approche. La trace de toutes les espèces d’ours, surtout de l’ours gris, y est très-commune ; on le rencontre principalement dans les endroits boisés et le long des rivières et des ruisseaux. Nous réussîmes à en tuer trois, non sans beaucoup de danger et d’efforts. Notre chasseur nous apporta deux gazelles bien grasses, qui furent bientôt apprêtées et servies à notre souper. Un des sauvages tua un chat puant (mephitis americana). La puanteur de cet animal est insupportable aux blancs ; les sauvages, au contraire, paraissent l’aimer ; la chair en est pour eux une nourriture exquise. Qu’il est vrai le proverbe : De gustibus non est disputandum ! À chacun ses goûts et ses caprices.

Le 2 août, nous partîmes de grand matin et nous trouvâmes la brise très-agréable. Le pays que nous traversâmes était plein d’intérêt. Les vallées étaient couvertes d’une riche verdure et d’une profusion de fleurs de différentes couleurs. Des bosquets de cotonniers, d’ormes, de frênes, ainsi que des groupes de sorbiers et de cerisiers, s’offraient à la vue le long des rivières et des ruisseaux qui étaient à sec. Nous montâmes pas à pas les côtes qui séparent les eaux du Missouri de celles de la Roche-Jaune, et sont comme autant de barrières insurmontables sillonnées par des