de rapports une langue morte. Les vers français sont à la fois ce qu’il y a de plus facile et de plus difficile à faire. Lier l’un à l’autre des hémistiches si bien accoutumés à se trouver ensemble, ce n’est qu’un travail de mémoire ; mais il faut avoir respiré l’air d’un pays, pensé, joui, souffert dans sa langue, pour peindre en poésie ce qu’on éprouve. Les étrangers, qui mettent avant tout leur amour-propre à parler correctement le français, n’osent pas juger nos écrivains autrement que les autorités littéraires ne les jugent, de peur de passer pour ne pas les comprendre. Ils vantent le style plus que les idées, parce que les idées appartiennent à toutes les nations, et que les Français seuls sont juges du style dans leur langue.
Si vous rencontrez un vrai Français, vous trouvez du plaisir à parler avec lui sur la littérature française ; vous vous sentez chez vous, et vous vous entretenez de vos affaires ensemble ; mais un étranger francisé ne se permet pas une opinion ni une phrase qui ne soit orthodoxe, et le plus souvent c’est une vieille orthodoxie qu’il prend pour l’opinion du jour. L’on en est encore dans plusieurs pays du nord aux anecdotes de la cour de Louis XIV. Les étrangers, imitateurs des Français, racontent les querelles de mademoiselle de