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LESSING ET WINCKELMANN

fils et disciple de Jupiter, a, dans les médailles, les mêmes traits que son père ; cependant la majesté calme de l’un et l’expression sévère de l’autre distinguent le souverain des dieux du juge des hommes. Le torse est un fragment de la statue d’Hercule divinisé, de celui qui reçoit d’Hébé la coupe de l’immortalité, tandis que l’Hercule Farnèse ne possède encore que les attributs d’un mortel ; chaque contour du torse, aussi énergique, mais plus arrondi, caractérise encore la force du héros, mais du héros qui, placé dans le ciel, est désormais absous des rudes travaux de la terre. Tout est symbolique dans les arts, et la nature sous mille apparences diverses dans ces statues, dans ces tableaux, dans ces poésies, où l’immortalité doit indiquer le mouvement, où l’extérieur doit révéler le fond de l’âme, où l’existence d’un instant doit être éternisée.

Winckelmann a banni des beaux-arts, en Europe, le mélange du goût antique et du goût moderne. En Allemagne, son influence s’est encore plus montrée dans la littérature que dans les arts. Nous serons conduits à examiner par la suite si l’imitation scrupuleuse des anciens est compatible avec l’originalité naturelle, ou plutôt si nous devons sacrifier cette originalité naturelle pour nous as-