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PRÉFACE

les Anglais d’abord, et à plusieurs égards les Allemands. Toutefois je ne crois pas qu’on puisse m’accuser de ne pas aimer la France. Je n’ai que trop montré le regret d’un séjour où je conserve tant d’objets d’affection, où ceux qui me sont chers me plaisent tant ! Mais de cet attachement peut-être trop vif pour une contrée si brillante et pour ses spirituels habitants, il ne s’ensuivoit point qu’il dut m’être interdit d’admirer l’Angleterre. On l’a vue, comme un chevalier armé pour la défense de l’ordre social, préserver l’Europe pendant dix années de l’anarchie et pendant dix autres du despotisme. Son heureuse constitution fut, au commencement de la révolution, le but des espérances et des efforts des Français, mon âme en est restée où la leur étoit alors.

À mon retour dans la terre de mon père, le préfet de Genève me défendit de m’en éloigner à plus de quatre lieues. Je me permis un jour d’aller jusqu’à dix, dans le simple