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PRÉFACE

but d’une promenade ; aussitôt les gendarmes coururent après moi, l’on défendit aux maîtres de poste de me donner des chevaux, et l’on eût dit que le salut de l’État dépendoit d’une aussi foible existence que la mienne. Je me résignai cependant encore à cet emprisonnement dans toute sa rigueur, quand un dernier coup me le rendit tout-à-fait insupportable. Quelques-uns de mes amis furent exilés parce qu’ils avoient eu la générosité de venir me voir ; — c’en étoit trop : — porter avec soi la contagion du malheur, ne pas oser se rapprocher de ceux qu’on aime, craindre de leur écrire, de prononcer leur nom, être l’objet tour à tour, ou des preuves d’affection qui font trembler pour ceux qui vous les donnent, ou des bassesses raffinées que la terreur inspire, c’étoit une situation a laquelle il falloit se soustraire si l’on vouloit encore vivre !

On me disoit pour adoucir mon chagrin que ces persécutions continuelles étoient